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Les femmes de Karbala: un modèle de courage et de lutte

Sans la présence des femmes, jamais la tyrannie de Yazid et les crimes qui ont été perpétrés à Karbala contre la famille du prophète Mohammad n’auraient été dénoncés ou connus à notre époque.

Notre histoire islamique atteste du rôle important de la femme dans les situations extrêmes de confrontation.
La tragédie de Karbala en est un exemple parfait et concret où plusieurs femmes, à leur tête Sayydat Zeynab (p), ont marqué cette tragédie par leur rôle héroïque.  En fait, sans la présence des femmes, jamais la tyrannie de Yazid et les crimes qui ont été perpétrés à Karbala contre la famille du prophète Mohammad (p) n’auraient été dénoncés ou connus à notre époque.
C’est la raison pour laquelle la commémoration de Achoura est douloureuse car  jamais un homme n’a subi et n’a supporté ce que l’Imam Hussein (p)  a souffert à Karbala : faim, soif, siège, décapitation, meurtres des enfants (p), captivité des femmes et des enfants, persécution, vol des biens privés, destruction, mutilation..
Et donc, pour que les objectifs divins du  mouvement de soulèvement de l’Imam Hussein (p) se réalisent, il fallait la présence des femmes pour qu’elles témoignent de ce qui s’était passé le 10eme jour du mois de Muharram.
Leur présence était nécessaire : car elles avaient la responsabilité de diriger la campagne médiatique de désinformation contre le régime de Yazid. Et justement la commémoration de Achoura – loin d’être une fête- nous rappelle comment l’armée de Yazid composée de plus de 40 mille hommes armés ont  assiégé durant dix jours le camp de la famille du prophète Mohammad (p)…
Il est bon de rappeler que la tragédie de Karbala marque le début du soulèvement pacifique de l’Imam Hussein (p) contre le despotisme et l’oppression de Yazid. Un soulèvement pour le rétablissement de la justice et les vraies valeurs de l’Islam du prophète Mohammad (s).
A ce titre, l’Imam Hussein (p) a affirmé «  je ne me suis pas soulevé de gaieté de cœur, ni par arrogance, ni dans l’intention de semer la corruption ni de commettre l’injustice. Je me suis soulevé pour demander la réforme de la communauté de mon grand-père le prophète Mohammad pour ordonner le Bien et interdire le Mal ».
Les femmes de Karbala : des femmes sans précèdent
Toutes les femmes de Karbala ont imprégné le rôle de la femme combative et  loyale au petit-fils du Messager de Dieu, fidèle au message universel  du prophète Mohammad (p), courageuse, déterminée, inébranlable, fière, pieuse et d’une patience sans précédent..
–    Leila, l’une des épouses de l’Imam Hussein (p) qui a perdu Ali alAkbar – et qui ressemble énormément au prophète Mohammad (p) tant physiquement que moralement-  dans la bataille de Karbala et qui avait invoqué Allah de lui ramener son fils de la bataille pour lui faire ses adieux une dernière fois. Et Dieu a exhaussé sa prière, Ali est bel et bien revenu, mais dans quelle état : meurtri, assoiffé, blessé. Il a fait ses adieux à sa mère et est retourné à la bataille pour revenir en martyr. La scène où  Leila embrasse les pieds d’Ali alAkbar traduit toute la tendresse d’une mère affligée par la perte de son fils unique et toute la noblesse de la grandeur d’âme de Leila. Sauf que devant les ennemis, elle n’a pas versé une larme.
–    Oum Wahab, l’épouse de Abdallah janab alKalbi, premier martyr de Karbala, qui a encouragé et son mari et son fils de participer aux cotés de l’Imam Hussein (p).  Le jour d’Achoura, Wahab a été tué alors que sa mère et sa jeune épouse étaient postées à l’entrée du camp. A leur vue, Omar Ibn Saad a ordonné  de décapiter la tête de Wahab et l’a jeté à sa mère. Sa mère a soulevé la tête, l’a embrassé et la jeta de nouveau à Omar Saad Ibn affirmant qu’elle ne reprend pas  ce qu’elle a offert à  son islam et à son Imam.  Selon certains Hadiths, la jeune  mariée est tombée en martyr ainsi qu’Oum Wahab. La jeune mariée, une chrétienne s’était d’abord opposée à la participation de son mari dans la bataille de Karbala. Elle avait même tenté de l’en empêcher en s’accrochant à sa robe, mais son mari avait insisté.
–    Rabab, la mère de Qassem et la veuve de l’Imam Hassan (p), frère de l’Imam Hussein et petit-fils du Messager de Dieu (p)- empoisonné sur ordre de Muawiya. Elle n’avait que cet enfant de l’Imam Hassan (p), il avait 15 ans quand il a demandé la permission à son oncle de descendre sur le champ de bataille. Mais l’Imam Hussein (p) avait refusé. Alors, il s’était plaint à sa mère, cette dernière lui a remis la lettre de testament de son père, exécutant ainsi les directives de son mari même après sa mort, et dans lequel l’Imam Hassan (p) exhorte son fils de soutenir son oncle à Karbala.

-Oum Omar qui après la mort de son mari dans la bataille de Karbala a insisté auprès de l’Imam Hussein (p) pour que son fils de 11 ans participe dans la bataille. Ce que l’Imam a refusé, alors elle lui a dit : « comment puis-je accepter que toi seul, soit affligé par la perte de tes enfants et pas moi ? »
Une réponse qui reflète le niveau de loyauté, de dévotion, mais aussi de connaissance envers la cause de l’Imam Hussein : sauver l’Islam de Mohammad (p).

-Enfin Oum alBanine : l’épouse de l’Imam Ali (p) après le martyr de son épouse et fille du prophète sayydat Zahraq.  Oum al Banine , avait quatre fils , dont Abou Fadl al Abbas, le bras droit de l’Imam Hussein (p). Elle n’a pas participé à la bataille de Karbala, elle est restée à alMadina. Ses fils combattaient à Karbala… mais son attitude quand on lui a raconté le martyr de ses quatre fils traduit une telle force mais aussi un tel surpassement de soi, envers la cause de l’Imam Hussein (p).  En effet, un messager était revenu de Karbala pour raconter la tragédie. Elle lui avait demandé des nouvelles de l’Imam Hussein (p). Mais l’homme lui a répondu que son quatrième fils est tombé en martyr. Elle n’a pas réagi insistant sur la question de savoir si l’Imam Hussein (p) se portait bien. Elle lui a posé la question quatre fois, et à chaque fois le messager lui annonçait que l’un de ses fils étaient tués.  Se souciant guère de la mort  de ses fils, elle réitéra la question car  ce qui lui importait c’était l’Imam Hussein (p). Et effectivement, quand le messager lui raconta que l’Imam Hussein a été tué, elle s’évanouit laissant tomber de ses bras son bébé.
Ces quelques femmes que nous avons citées ont réussi le Grand Jihad, elles se sont dépassées, leur être est entrée en symbiose avec la cause divine, elles se sont élevées au-dessus de tout ce qui lui était cher pour une cause divine, pour leur Imam, pour le prophète Mohammad et ont ainsi atteint un certain niveau d’unicité avec Dieu inégalé.
Il reste que Karbala ne serait pas la tragédie d’aujourd’hui sans le rôle de la sœur de l’Imam Hussein (p), Sayyda Zeynab et fille de l’Imam Ali (p).

Sayyda Zeynab (p), la Dame des calamités
Le rôle de Sayyda Zeynab (p)- petite-fille du prophète Mohammad (p)-  dans la tragédie de Karbala a été multidimensionnel et même intemporel. Et ce parce que ce qui s’est passé le 10 de Muharram et par la suite durant tout le trajet de sa captivité a été d’une telle cruauté injustifiée, inexplicable et gratuite que oui, combiné avec les qualités dont elle jouissait,  Sayyda Zeynab est le modèle de femme à suivre dans toute révolution ou lutte contre toute forme d’oppression. Et c’est sans doute pourquoi l’Imam Zayn al-Abidin, fils de l’Imam Hussein (p), l’a nommé La Sage des Bani hachem.
Son rôle à Kerbala :
Or, pour mieux comprendre les dimensions du rôle de cette grande dame à Karbala et ses répercussions sur la nation islamique, il convient de décrire ce dont Sayyda Zeynab a été témoin, puisque sa présence à Karbala était avant tout de raconter plus tard ce qui s’est passé le 10 de Muharram. Son témoignage était primordial, nécessaire pour préserver dans la mémoire collective de la nation islamique les événements de Karbala.
Elle a été témoin de :
–    Elle a vu ses frères, ses neveux et ses fils mourir en martyr, décapités, leurs têtes perches sur des lançons,
–    Elle a vu leur corps mutiles, gisant  sur le sol, sous un soleil aride,
–    Elle a vu que l’ennemi qui prétendait représenter et défendre les valeurs de l’Islam, empêcher l’eau de parvenir aux enfants, pire égorgé un nourrisson,
–    Elle a supporté la douleur des femmes  affligées par la perte de leurs fils , de leur mari, de leur frère..
–    Elle a vu des soldats entrain de charger les tentes des femmes, pour y mettre le feu,
–    Elle a vu des femmes courir, épouvantées, essayant de rassembler les enfants qui se perdaient dans le désert.
D’où un autre rôle s’est imposé de facto à Sayyda Zeynab, celui de gardienne  des femmes et des enfants, un rôle de réconfort et de soutien, à toutes ces femmes et enfants qui se sont rassemblées autour d’elle, leur induisant a la patience et a la confiance en Dieu, leur rappelant la volonté divine : «  Dieu veut me voir tué et les femmes captives ».

Justement, cette foi en Dieu, cet abandon à la volonté de Dieu s’illustre dans ses paroles qu’elle a prononcé à son frère Hussein quand elle lui a amené son cheval : «  Quelle endurance, quelle dureté de cœur, quelle sœur amené à son frère le cheval de la mort ? »

Par sa présence elle a aussi garanti la continuité de la lignée de l’Imamat, en protégeant le fils de l’Imam hussein (p).

En effet, l’Imam Zein al-Abidine était atteint d’une grave maladie, l’empêchant de participer aux cotes de son père dans la bataille. Or, quand les soldats de Yazid ont découvert l’Imam Zein al-Abidine dans l’une des tentes, ils se sont rués pour le tuer, sauf que sa tante sayyda zeynab est intervenue en se jetant sur lui jurant : «  par Dieu ! Vous ne le tuerez pas avant de me tuer ».

Sa détermination ont empêché les soldats de Yazid de tuer l’Imam zein al-Abidine (p)..
Son rôle durant le trajet de sa captivité :
Quand les femmes et les enfants ont été fait prisonniers dans l’après-midi du 10eme jour de Karbala par les soldats de Yazid, Sayyda Zeynab s’est chargée de la responsabilité du convoi des prisonnières..
Durant tout le trajet de sa captivité vers le palais de Yazid à Damas, Sayyda Zeynab – fille du Prince des Croyants l’Imam Ali ben abi Taleb- a supporté l’insupportable : non seulement la soif, la chaleur le jour, le froid la nuit, la vue des têtes décapitées perchées sur des lançons, mais en plus, elle était accompagnée de quatre soldats de Yazid qui l’ont frappée avec le fouet, alors  que les autres femmes étaient accompagnées d’un seul soldat.

Tout au long du parcours, depuis la ville de Koufa en passant par la ville de Damas, elle a défendu le message de l’Imam Hussein (p) , sa cause, et n’a pas omis de raconter ce qui s’est passé réellement.

Son rôle était à la fois politique, et aussi d’information et de dénonciation.
Sayyda Zeynab nous a montré comment fallait-il se dresser face à l’impiété et prendre la parole contre l’hérésie, dès que l’occasion se présentait.

A Koufa, elle a rappelé aux gens sa lignée car les gens ignoraient qui étaient ces détenues.. Ils étaient loin de deviner que Yazid oserait s’en prendre à la famille du prophète Mohammad (p).Et donc, quand les gens ont voulu lui offrir de l’eau ou de la nourriture, qu’a-t-elle répondu : «  L’aumône nous est interdite, à nous Ahl-beit.. »
A Damas, chez Yazid, Sayyda Zeynab a défié son arrogance et l’a affronté au point de l’humilier dans un discours d’une logique implacable, alors qu’elle venait de perdre les êtres les plus chers.

Son discours historique à Damas, nous montre le courage et l’éloquence qu’elle a hérité de son père l’Imam Ali (p), alors que Yazid, avait tenté de la briser moralement quand il a posé la tête de l’Imam Hussein (p) sur une table devant lui, et avec une baguette se mit à tapoter les devant de devant de l’Imam.
Sayyda Zeynab est resté de marbre sans verser aucune larme.
Conclusion :
Les femmes de Karbala nous ont appris comment il fallait agir face au despotisme, à des gouvernements iniques. Elles nous ont appris  à ne pas craindre le nombre élevé de l’ennemi, ni sa supériorité en armes.
Les femmes de Karbala, et leur tête Sayyda Zeynab, nous ont appris, comment, nous en tant que femmes musulmanes de ce 21e siècle, il faut s’opposer et lutter contre l’injustice, l’oppression, le despotisme et surtout comment préserver sa dignité.
Quand on clame «  tous les jours sont Achoura, toute la Terre est Karbala, les ennemis de l’Islam tentent de faire croire qu’il faut pleurer tous les jours ».
Mais c’est tout autre chose !
Pour les femmes de Karbala c’est le refus de se plier, leur refus de l’iniquité, leur opposition au despotisme de Yazid malgré la douleur, le martyr  et la souffrance.
Aujourd’hui après plus de mille ans depuis la tragédie, on parle toujours de Karbala, de ses femmes et de ses hommes,  ils sont toujours source d’inspiration, de courage et de force à des milliers de générations à travers le monde.

Source : http://fr.al-shia.org/

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