La Bataille de Badr et d’autres événements importants se terminant avec la deuxième année de l’émigration..
Les Préoccupations de Mohammad (pslf)
Après son Emigration à Médine, le Prophète constata que les Quraych de la Mecque avaient expédié des équipes d’éclaireurs à qui on avait promis une récompense alléchante pour sa capture vivant ou mort, et que l’un d’eux – un groupe de soixante-dix éclaireurs – réussit à le précéder à Médine, comme nous l’avons déjà noté.
Il apprit(1) aussi que les Quraych étaient en communication secrète avec ‘Abdullâh Ibn Obay, un hypocrite qu’ils avaient incité à provoquer une révolte contre lui afin de l’obliger de quitter Médine, et auprès de qui ils avaient brandi la menace de marcher sur Médine au cas où il ne parviendrait pas à satisfaire leurs désirs. Il ne pouvait donc pas oublier leur insistance à le persécuter ni leur inimitié envers lui. Il sut également que les Quraychs activaient pour former une alliance avec les bédouins installés sur leur route vers Médine et que ces derniers avaient déjà montré leur choix en prenant récemment le risque de s’avancer sous la conduite de Kurds Ibn Jâbir Fihri jusqu’aux pâturages de Médine où ils mirent le feu aux terres environnantes après en avoir enlevé les chameaux et le bétail.
Il dut naturellement craindre qu’ils ne risquent de le surprendre à Médine, qui était située sur la route très fréquentée vers la Syrie, et par laquelle ils transportaient leurs marchandises dans des caravanes puissamment escortées. Puis, certains Juifs et Arabes, voyant d’un mauvais oeil le renforcement de l’autorité du Prophète à Médine, avaient émigré à la Mecque pour se joindre aux Quraych, ce qui accentua sa crainte d’être pris au dépourvu.
«Dans l’état de nature, dit Gibbon, tout homme a le droit de défendre par les armes sa personne et ses biens, de repousser ou même de prévenir les violences de ses ennemis et d’étendre les hostilités à des mesures raisonnables de satisfaction et de représailles».
Or, dans le cas du Prophète, il ne s’agissait pas de défendre seulement sa personne; il avait aussi à protéger ses concitoyens qui avaient beaucoup souffert et tout perdu pour la religion. Il s’agissait de défendre ses partisans médinois qui, en lui offrant l’hospitalité, s’exposaient ouvertement aux attaques de l’ennemi. Il s’agissait d’empêcher l’annihilation de leur foi, l’étouffement de sa religion, et, en dernier lieu, d’éviter le même sort qu’avait subi son illustre prédécesseur, Jésus-Christ.
Pour atteindre ce but, il sentit profondément la nécessité de recourir aux mesures les plus efficaces – l’épée – à l’instar d’autres prophètes avant lui. (2) Mais, il ne pouvait pas prendre les armes sans avoir la permission de l’Autorité Suprême sur Laquelle reposaient toutes ses activités.
La Permission de Prendre les Armes
Plus d’un an et demi s’étaient passés à Médine dans une intense anxiété. Finalement la Permission arriva, comme il ressort des passages suivants du Coran, parmi bien d’autres:
«L’autorisation de se défendre est donnée à ceux qui ont été attaqués, parce qu’ils ont été opprimés, et Dieu est Puissant pour les secourir. Ceux qui ont été chassés de leurs maisons pour avoir dit seulement: « Notre Seigneur est Dieu »». (Sourate al-Hajj, 22: 39-40).
«Rien n’est plus naturel, dit un conférencier averti, qu’en voulant, par Sa Miséricorde, humaniser les habitants barbares d’Arabie et les sortir de l’abîme de l’immoralité et de la superstition dans lequel ils s’étaient enfoncés, Dieu ait choisi un homme d’une totale détermination et d’une fidélité constante à la tâche qui lui fut confiée, un homme doué d’un génie qui s’adapte à tout changement de circonstances, un homme capable d’endurer les difficultés et d’aider les autres sans penser à ses propres intérêts, et disposé à résister à l’oppresseur même physiquement si nécessaire, pour préserver son peuple». Le Saint Prophète Mohammad n’avait jamais dégainé son épée que par mesure défensive». Le Professeur J. W. Arnold, pourtant de foi chrétienne, a prouvé habilement que l’Islam avait été propagé sans épée.
Ayant été autorisé à prendre les armes contre ses ennemis, le Prophète organisa de petits groupes parmi ses fidèles partisans et les envoya en éclaireurs pour surveiller les activités des Mecquois et notamment le mouvement des caravanes sortant de la Mecque ou y retournant. Bien que le Prophète ait enjoint formellement à chaque groupe d’éviter toute violence non nécessaire, il était très improbable qu’aucun groupe n’aurait d’accrochage avec les Quraych.
Ainsi, un petit groupe de huit ou douze hommes fut envoyé à Nakhlah, un endroit entre la Mecque et Tâ’if, pour recueillir des informations sur le passage des caravanes par ce lieu. (3) Ces hommes eurent un accrochage avec quatre Mecquois transportant des raisins secs de Tâ’if à la Mecque. L’un des Mecquois – un noble distingué, nommé ‘Amr Ibn ‘Abdullâh – fut tué, un autre s’enfuit, et les deux derniers furent capturés indemnes et amenés au Prophète. Le groupe en question s’était trompé sur la date du jour de l’accrochage, en croyant que c’était le dernier jour de Jamadî II, alors que les Mecquois affirmaient que c’était le premier jour du mois sacré de Rajab durant lequel toutes formes d’hostilités étaient interdites. L’action fut donc considérée comme une violation de l’immunité de ce mois sacré.
Le Prophète se fâcha contre ‘Abdullâh Ibn Johach, le chef du groupe, pour avoir manqué de respect pour le privilège sacré, et dédommagea la famille de la personne tuée. Entre-temps, le Prophète eut une révélation qui tendait à justifier l’action par le fait de l’éloignement des croyants de l’édifice sacré, la Ka’bah, dû à la méchanceté des Quraych. Plus tard, l’un des deux prisonniers, qui étaient encore détenus, embrassa l’Islam et resta à Médine, alors que l’autre fut relâché contre paiement d’une rançon.
Malgré l’indemnisation payée pour la mort d’un Mecquois à Nakhlah, les Quraych étaient furieux et préparaient une vengeance terrible. Ils prétendaient être encore plus irrités par une rumeur, totalement dénuée de fondement, selon laquelle la caravane rentrant de Syrie et richement chargée de biens précieux serait attirée dans une embuscade par les partisans de Mohammad, en représailles contre la perte de leurs propriétés à la suite de leur exil hors de la Mecque. Pour toutes ces raisons, les Mecquois commencèrent à se mobiliser.
Le Prophète reçut d’autre part, des informations faisant état des activités des Mecquois. Aussi pensa-t-il qu’il n’était pas raisonnable d’attendre à Médine l’attaque de l’ennemi, car s’il en était réellement ainsi, cela causerait, des dommages aux habitants de la ville, lesquels en souffriraient sûrement. En outre, il présuma que les sympathisants des Mecquois à Médine même étaient plus nombreux que ses propres partisans, ce qui pourrait être très dangereux pour lui si le fait s’avérait exact. Il reçut également des informations selon lesquelles Abû Sufiyân, le plus implacable de ses ennemis, était sur le chemin de retour à la Mecque, avec ses trente gardes armés qui escortaient la caravane venant de Syrie, et il devrait passer par une route proche de Médine.
En conséquence, le Prophète se résolut à affronter l’ennemi hors de Médine et il sortit avec trois cent treize de ses partisans – quatre-vingt-deux Muhâjirin et deux cent trente et un Ançâif – les auxiliaires de Médine (dont soixante et un de la tribu d’Aws, et cent soixante-dix de la tribu de Khazraj).
Cette petite force fut conduite hors de Médine derrière la Bannière du Prophète portée par le jeune ‘Ali. (4) De toute cette armée, seuls deux hommes étaient à cheval, les autres montaient à tour de rôle sur soixante-dix chameaux. ‘Othmân ne put pas se joindre à l’armée, en raison de la grave maladie de sa femme, Roqayyah.
Lorsque l’armée arriva à la vallée fertile de Badr, un point d’eau et un terrain de campement sur la route des caravanes, à trois étapes au nord de Médine, le Prophète donna l’ordre d’y faire halte pour occuper une position convenable près d’un ruisseau d’eau fraîche, en attendant l’arrivée de l’ennemi, c’est-à-dire soit l’armée de Quraych, de la Mecque, soit Abû Sufiyân de la Syrie. Il apprit alors de ses éclaireurs que la caravane d’Abû Sufiyân s’approchait d’un côté, et que la grande armée des Quraych avançait de l’autre.
Pour réfléchir mûrement à la rencontre avec l’une ou l’autre force ennemie, le Prophète consulta ses principaux compagnons(5), lesquels parurent peu disposés à faire face à la grande force armée de l’ennemi – trois fois plus nombreuse que la leur – et choisirent avec insistance et obstination de poursuivre la caravane. Mais leur courage fut ravivé et stimulé par les mots réconfortants du Prophète soulignant à leur intention le rôle de l’Assistance divine au moment de l’épreuve. Il préféra nettement l’exécution de l’ordre de Dieu d’engager le Jihâd contre le grand nombre de la force plus nombreuse des Mecquois infidèles, à la confrontation avec Abû Sufiyân et sa petite horde de partisans.
«Lorsque vous demandiez le secours de votre Seigneur, IL vous exauça: « JE vous envoie un renfort de mille anges, les uns à la suite des autres »». (Sourate al-Anfâl, 8: 9).
Il était prudent de la part du Prophète de choisir cette voie, car Abû Sufiyân était suffisamment intelligent pour flairer préalablement ce danger imminent. D’autant plus qu’il se faisait informer de tous les mouvements de Mohammad et avait demandé une aide urgente de la Mecque. En outre, par mesure de prudence, il avait abandonné la route habituelle pour emprunter un chemin moins fréquenté, longeant le rivage de la mer, ce qui lui permit finalement d’éviter en toute sécurité le danger.
Les Mecquois, qui étaient déjà mobilisés, après avoir reçu l’appel à l’aide d’Abû Sufiyân dépêchèrent à son secours huit cent cinquante combattants d’infanterie et cent cinquante de cavalerie sous le commandement d’Abû Jahl. Bien qu’Abû Sufiyân les eût informés de son passage sain et sauf par une route détournée à l’ouest de Badr, et qu’il leur eût conseillé de retourner chez eux, Abû Jahl et son armée, obsédés par leur désir de venger le meurtre de Nakhlah, continuèrent leur marche jusqu’à Badr où ils prirent position en face du rassemblement ennemi.
Le lendemain, le Vendredi 17 Ramadhân de l’an 2 de l’Hégire (le 13 janvier 624 ap. J. -C.), ils firent lentement mouvement sur un terrain rendu lourd, boueux et difficile à piétiner, par les pluies de la veille. En revanche, ces mêmes pluies rendirent le sol des hauteurs sableuses, qui faisaient face à l’armée de Musulmans, plus léger et plus ferme, et donc plus facilement franchissable. Les forces mecquoises étaient victimes d’un autre désavantage, en occurrence le fait d’avoir le lever du soleil en face d’eux, alors que l’armée musulmane faisait face à l’ouest. Le principal corps de l’armée de Quraych, soufflant dans leurs trompettes, s’approcha cependant de l’adversaire et les deux forces s’engagèrent dans la bataille.
Le Prophète s’assit sous un dais formé de branches de palmier, qui fut dressé et gardé de près par Sa’d Ibn Mo’âth. Abû Bakr ne rejoignit pas les rangs des combattants; il s’assit auprès du Prophète.
Trois guerriers Quraychites, ‘Otbah, le beau-père d’Abû Sufiyân, Walîd son fils et Chaybah, le frère de ‘Otbah, s’avancèrent et défièrent les plus courageux des Musulmans de s’engager dans un combat en duel. Ils étaient tous trois des hommes de haut rang et de position élevée dans leur tribu.
Trois Ançâr de Médine sortirent des rangs de leur armée pour relever le défi, mais les trois combattants de Quraych refusèrent de les considérer comme leurs égaux et invitèrent les « renégats » mecquois (comme ils les appelaient) à s’avancer, s’ils en avaient le courage.
Sur ce, ‘Alî et ‘Obaydah, deux cousins du Prophète, et Hamza, son oncle, répondirent au défi, et le combat commença. Après une lutte féroce et longue, ‘Alî et Hamza réussirent à maîtriser et à battre leurs adversaires respectifs, Walîd et Chaybah. Puis ils accoururent au secours de ‘Obaydah qui était grièvement blessé et presque vaincu par ‘Otbah. Ils abattirent ce dernier et ramenèrent ‘Obaydah qui succomba à ses blessures quatre jours plus tard. A présent le combat faisait rage, les Quraych marquaient des points et les Musulmans subissaient beaucoup de pressions. (6)
Le Prophète, qui regardait le champ de bataille avec anxiété, pria Allâh de venir à son secours, et sortant du dais en chaume, il lança une poignée de sable en l’air en direction de l’ennemi en disant: «Que leurs visages soient couverts de honte», et s’adressant à ses hommes, il cria: «Courage mes enfants! Serrez vos rangs, lancez vos flèche! Ce jour est le vôtre». Les deux armées entendirent sa voix tonnante. Les combattants crurent voir des anges guerriers. (7)
Les lignes des Quraych devinrent défaillantes et un grand nombre parmi les plus braves et les plus nobles d’entre eux tombèrent. Ils prirent la fuite ignominieusement et, dans leur hâte de fuir, ils jetèrent leurs armes et abandonnèrent leurs bêtes de transport ainsi que tout leur campement et équipage. Soixante-dix des plus courageux des combattants de Quraych furent tués et quarante-cinq furent faits prisonniers. (8)
Leur commandant, Abû Jahl – le Pharaon de son peuple – tomba dans la bataille et sa tête fut apportée au Prophète. Son nom originel était ‘Amr alias Abû Hakam, c’est-à-dire « Le père de la Sagesse », fils de Hichâm, mais les Musulmans le changèrent, par mépris, en Abû Jahl (le Père de la Déraison) et c’est ce dernier nom qui sera son nom pour toujours. Du côté musulman, il y eut vingt-deux tués: quatorze Muhâjirin et huit Ançâr (Dans la Sourate al-Anfâl, versets 9-13, il y a une allusion au secours divin accordé au Prophète dans cette bataille).
Le jour touchait à sa fin, et les Musulmans rassemblèrent les corps des tués pour les jeter dans un puits appelé Qâlib. Le Prophète jeta un coup d’oeil sur ces corps et Abû Bakr, qui était debout à côté de lui, examina leurs visages et cita à haute voix leurs noms: «’Otbah! Chaybah! Wallid! ‘Omayyah! Abû Jahl! etc..» ».
Et pendant qu’on jetait un à un leurs corps dans le puits profond et ténébreux, le Prophète s’exclama: «Hélas! Avez-vous maintenant trouvé vrai ce que vos seigneurs vous avaient promis? Quant à ce que mon Seigneur m’avait promis je l’ai trouvé absolument vrai. Malheur à vous! Vous m’avez rejeté, moi, votre Prophète! Vous m’avez chassé, et d’autres me donnèrent refuge! Vous m’avez combattu, et d autres sont venus à mon aide!». (9)
«Ô Prophète! dit ‘Omar qui était lui aussi debout à côté de lui. «Est-ce que tu parles aux morts?» «Oui, en effet, répondit le Prophète, car ils comprennent mieux que vous ce que je leur dis». (10)
Bien que ce fût le premier combat auquel participait le jeune ‘Alî, il y réalisa de tels résultats qu’il fut complimenté par tout le monde. En effet, il tua au cours de cette bataille, pas moins de seize (certains historiens avancent le chiffre de trente-six) (11) combattants parmi les plus braves et les plus éminents de l’armée de Quraych.
Au cours de son voyage de retour vers Médine, le Prophète assista à la décapitation, à Safra, une étape entre Badr et Médine, de deux des prisonniers les plus haïssables, ‘Oqbah Ibn Abi Mo’eit et Al-Nadhr Ibn al-Hârith. Les autres prisonniers furent conduits à Médine où ils furent relâchés contre paiement comptant d’une rançon.
Parmi eux figuraient(12) ‘Abbâs, un oncle du Prophète, et Abul-‘Âç, le mari de Zaynab, fille de Khadîjah.
‘Abbâs était un homme de grande taille et bien bâti. Il fut capturé par Abul-Yasar, un homme relativement maigre, décharné et de petite taille. Lorsqu’on demanda à ‘Abbâs comment un tel homme avait pu le vaincre, il répondit que son adversaire lui avait paru un géant sur le moment.
«Un signe vous a été donné à travers la rencontre entre deux armées: l’une combattait dans la voie de Dieu, 1’autre était infidèle. Ils (les infidèles) voyaient de leurs propres yeux les fidèles en nombre deux fois supérieur au leur, car Dieu assiste de Son Secours, qui IL veut. Voilà un exemple pour ceux qui sont doués de clairvoyance». (Sourate Âle ‘Imrân, 3: 13).
On demanda à ‘Abbâs de payer une rançon pour son élargissement et pour celui de ses deux neveux, Nawfal et ‘Aqi. Il objecta que s’il payait ce qu’on lui demandait, il serait réduit à mendier la charité des Quraych pour le reste de sa vie. Mais à sa grande surprise, le Prophète lui révéla le secret de l’or qu’il avait confié à sa femme, à minuit, au moment de son départ avec l’armée mecquoise, et récita le verset 70 de la sourate al-Anfâl:
«Ô Prophète! Dis à ceux des captifs qui sont tombés entre vos mains: « Si Dieu reconnaît un bien dans vos coeurs, IL vous accordera des choses meilleures que celles qui vous ont été enlevées. Il vous pardonnera: « Dieu est Celui qui pardonne, IL est Miséricordieux!« ». (13)
Ayant entendu cette révélation ‘Abbâs eut la certitude que Mohammad était le vrai Prophète de Dieu, déclarant que personne ne pouvait connaître le secret de l’or, sauf Dieu. Aussi embrassa-t-il tout de suite l’Islam, avec ses deux neveux. Quelques années plus tard, lorsqu’il se trouva en possession d’une grande fortune, il réfléchit à la récitation du Prophète et se rendit compte que la prophétie qu’elle contenait s’était réalisée.
Pour obtenir la libération d’Abul-‘Âç, sa femme Zaynab envoya quelques-uns de ses bijoux, dont un collier offert en dote pas sa mère Khadîjah. Le Prophète identifia le collier et se souvint avec tristesse de Khadîjah. Aussi remit-il le collier à Abul-‘Âç afin qu’il le rende à Zaynab, et il le relâcha à condition qu’il lui ramenât Zaynab. Zayd Ibn Hârithah accompagna Abul-‘Âç dans son voyage de retour à la Mecque et ramena Zaynab à Médine. Mais une fois à Médine, Zaynab refusa de retourner à son mari jusqu’à ce qu’il embrassât l’Islam, quelque temps avant la conquête de la Mecque, lorsqu’il fut de nouveau amené devant le Prophète comme prisonnier de guerre.
La Distribution du Butin de Guerre
Sur place (à Safra) le butin, qui consistait en armes et en chameaux pris dans la bataille, fut distribué en parts égales par le Prophète entre chacun de ses adeptes. Ceci étant fait, le Prophète retourna à Médine après une absence de quinze ou dix-neuf jours. Dans le même temps, Roqayyah, la femme de ‘Othmân mourut des suites de sa maladie qui avait empêché son mari de se rendre au champ de bataille.
La bataille de Badr est la plus importante bataille de l’histoire de l’Islam, et par conséquent la plus célèbre parmi les Musulmans. Cette victoire ouvrit devant le Prophète les portes de la progression de sa foi, étant donné que la plupart de ses opposants les plus détestables et les plus influents étaient tombés dans cette bataille. Cette première victoire du Prophète contribua beaucoup au renforcement de sa position. A Médine, les hypocrites et les non-Musulmans étaient découragés d’entreprendre toute action ouverte contre le Prophète. Les vétérans mecquois qui avaient pendant si longtemps dédaigné avec haine le Prophète et ses adeptes furent très humiliés par la défaite infligée par une force relativement inexpérimentée et numériquement plus petite que la leur.
La défaite de Quraych à Badr fut vraiment un coup mortel pour Abû Lahab – le seul Hâchimite qui était l’opposant le plus détestable du Prophète – et il mourut attristé par la perte de ses amis et proches qu’étaient Walîd, Chaybah et ‘Otbah, après une maladie d’une semaine.
Sawiq ou la Guerre de la Farine
La deuxième personne qui ressentit très douloureusement la défaite était Abû Sufiyân. (14) Son coeur brûlait de rage de voir l’homme qu’il détestait et haïssait tant lui porter un coup si sévère. Il jura qu’il ne s’oindrait plus ni ne s’approcherait plus de sa femme avant de se venger de Mohammad, mais il réalisera plus tard qu’il avait fait un serment trop irréfléchi d’abstinence. Cependant, pour tenir sa promesse, il partit pour Médine un mois de Thilhaj de l’an 2 de l’hégire avec deux cents cavaliers. Arrivé à Oraydh, à cinq kilomètres au nord-est de Médine, il tomba sur un Ançâri et son serviteur qu’il tua. Ensuite il mit le feu à quelques huttes et coupa quelques dattiers.
Le Prophète ayant reçu des informations sur cet incident, envoya une expédition contre Abû Sufiyân et ses hommes, lesquels avaient déjà fui à la hâte en jetant leurs sacs de farine pour accélérer leur fuite. Ces sacs furent ramassés par les Musulmans, et cet incident prit le nom de la Guerre de la Farine. Ainsi, Abû Sufiyân réalisa son vœu, tout en se mettant à réfléchir à une autre expédition sur une plus grande échelle.
Notes :
1- Mas’ûdî dans « Murûj al-Thahab ».
2- « Annals of … » de W. Muir, pp. 309 – 310.
3- « Târîkh Ibn Wâdhih »; « Mas’ûdî ».
4- Al-Tirmithî, al-Hâkim cité par al-Suyûtî, p. 173.
5- « Târîkh Ibn Wâdhih »; « Mas’ûdî ».
6- « Mas’ûdî »; « Rawdhat al-Çafâ », « A’tham Kûfî ».
7- « Târîkh Ibn Wâdhih »: « Mas’ûdî ».
10- « History of Islam » de Zakir Hussayn, vol. III, p. 138.
11- « Al-Imâmah wal-Siyâsah »; « Târîkh al-Khamîs ».
13- « Ibn Athîr »; « Ibn Qutaybah ».
14- Le Prophète eut une vision à la famille de Banî Omayyah, dans laquelle il vit celle-ci monter sur sa chaire et y faire des sauts, comme des singes. Il dit à ce propos: «C’est leur part dans ce monde qu’ils ont gagnée par leur profession de Foi à l’Islam» (« Sale », citant al-Baydhâwî).