Les larmes du magasin !..

Derrière toi, aujourd’hui, nous marchons. Nous te disons adieu avec une partie de notre belle vie, de notre enfance pauvre, des premiers jours d’école, de l’impatience d’entrer dans le magasin, du bonheur à pleines mains, du calme serein sur ton visage, de l’odeur de la foi, des révélations du Coran, de la paternité de tes mains, de la pureté de ton âme, de ta paix éternelle, de ta voix douce, de ton silence chaleureux…

Hier, nous avons fait le tri de nos souvenirs, cherchant dans les décombres les dernières pages colorées par les gribouillis d’un temps auquel nous aspirions, craignant qu’elles ne soient arrachées par la main coupable de la guerre, ou volées par des voleurs de rêves. Nous avons porté notre peur, nous sommes restés devant le magasin, lui avons murmuré de tenir bon, de panser ses blessures, de rester pour que nous restions, et pour que ce cordon ombilical demeure relié au reste de la vie…

Aujourd’hui, les lèvres se sont scellées sur les versets de la conclusion, les doigts ont saisi les perles du chapelet, les yeux se sont fermés, l’âme s’est élevée, satisfaite et apaisée. Le magasin a pleuré…

Aujourd’hui, Alhajj Abu Salman est parti, nous laissant perdus, versant des larmes d’adieu, agitant des mouchoirs pour notre chêne exilé, pour nos navires en pleurs sur les épaules de leurs ancres, pour l’odeur de la terre, pour le visage du soleil, pour le chant des oiseaux, pour la mélodie de la pluie !

Cheikh Mohamad Assad Kanso

18/07/2025