Textes

Le mulet ..

Cheikh Mohamad Kanso

.. Un jour gris, nuageux et clair, ensoleillé et pluvieux, sa naissance a eu lieu..
Lorsque ses membres se sont renforcés, que ses traits se sont formés et que son image s’est complétée, il a commencé à se tenir longtemps devant les ruisseaux et les rivières, contemplant son reflet sur les pages de l’eau tremblante, fixant ses longues oreilles et évoquant sa mère, regardant ses grands yeux et voyant son père !
Il se demande : qui suis-je ? Et qui vais-je être ? Suis-je le fils de l’authenticité, de l’élégance et de la noblesse ? Ou suis-je le fils de la force, de la patience et de la résistance à la fatigue et à la difficulté ?
Dans les plaines et les champs, il se tient perdu entre les chevaux et les ânes, ne sachant quel chemin prendre et quel troupeau rejoindre !..
Il observe les poulains autour des chevaux et des juments, suit les ânons derrière les ânes et les ânesses, l’étouffant d’une boule dans la gorge, détournant son visage triste, essayant de supporter sa stérilité éternelle et d’accepter son existence figée !
Les regards d’étonnement et de confusion le troublent, les murmures des chevaux et des ânes l’agacent, les coups de fouet des humains le blessent, et il souffre d’être une insulte dans leurs conflits !
Le mulet vit son destin, et en lui il cherche encore un nom qui lui appartienne, une identité à lui.
Il pense encore à ces œillères enfoncées sur les côtés de ses yeux, de la charrette qui l’a réduit à une préposition dont le sens ne se complète qu’avec un autre !
* Ce texte s’inscrit dans l’écriture littéraire symbolique, faisant du mulet le miroir d’un état d’errance et d’aliénation vécu par certains peuples lorsqu’ils perdent leur boussole culturelle, intellectuelle et sociale à l’ère de la mondialisation. Il symbolise également l’éblouissement excessif et la soumission culturelle face à d’autres nations et civilisations, menaçant ainsi l’identité originelle d’égarement et d’effacement.
Cheikh Mohamad Kanso
24/08/2025

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page
Translate »