
Dans notre quartier, nous avions un narcissique !
Nous étions des adolescents, des camarades d’étude, des voisins, des amis de jeu et de divertissement.
Notre réunion était plus fréquente que nos séparations, surtout pendant les vacances d’été, lorsque nous nous libérions des contraintes de l’école et des horaires d’étude, et que nous quittions nos maisons pour les champs, les places et les terrains de jeu.
Je me souviens de mes camarades, de leurs silhouettes, des traits de leurs visages, du ton de leurs voix, de leurs caractères, de leur éthique et de leurs qualités.
Nous étions semblables par certains traits, mais différents par d’autres, ce qui distinguait chacun de nous de son pair, lui donnant une description particulière et un titre précis pour sa personnalité.
Parmi les amis, un camarade se distinguait par des traits particuliers et une personnalité étrange, je ne suis pas exagéré en la décrivant comme pesante, difficile à gérer, nuisible, repoussante, blessante !
Notre camarade, que nous ne pouvions ni isoler, ni rejeter, ni fuir, était tellement admiratif de lui-même à l’excès, convaincu de son excellence, sûr de sa supériorité, aimant les éloges et les louanges, et il était enivré par les mots d’admiration et les regards d’approbation.
Notre camarade était d’une sensibilité extrême et se montrait allergique à la critique ou à la correction, se mettant rapidement en colère et réagissant vivement aux orientations et aux rectifications.
Il aimait contrôler ceux qui l’entouraient, imposant sa domination avec arrogance et vanité, exagérant dans l’exhibition de ses connaissances, de ses travaux et de ses réalisations, tout en méprisant, ridiculisant et se moquant des connaissances, des travaux et des réalisations des autres.
Jaloux, envieux, égoïste et émotionnellement déséquilibré, notre ami suscitait malgré tout notre pitié et nous poussait à l’inclure, à le comprendre, car malgré ses tentatives constantes de prouver sa cohésion et la force de sa personnalité, il semblait fragile, faible, tel un tigre en papier !
Parmi les contradictions de notre camarade, il y avait le fait que malgré sa dureté et son indifférence aux sentiments et émotions des autres, malgré son attitude tyrannique et son autoritarisme dans ses opinions et comportements, il jouait parfois le rôle de la victime, se glissant dans la peau de l’opprimé, et ce n’était qu’une tactique pour gagner de la sympathie et de l’attention, transférant le blâme sur les autres, et établissant l’image de l’opprimé pour justifier ses actions et ses erreurs !
Je n’avais jamais entendu le mot « narcissique » ni su ce que cela signifiait à l’époque, mais en grandissant et en avançant dans les années, et en découvrant cette pathologie psychologique grave, nous avons commencé à trouver de nombreuses personnes atteintes de cela dans notre monde aujourd’hui et dans de nombreux domaines et situations. Je réalise maintenant que notre pauvre camarade était narcissique, et que nous étions victimes du narcissisme !
Cheikh Mohamad Kanso
14/08/2025