
.. En sortant d’une des grandes bibliothèques de la capitale, chargée de mes fournitures estivales habituelles de livres religieux, politiques, scientifiques, de romans littéraires et sociaux, ainsi que de recueils en prose et en poésie, une jeune femme aux traits étrangers s’est approchée de moi, accompagnée d’un homme portant un appareil photo sur l’épaule.
En anglais, accompagnée d’un salut poli et d’un sourire chaleureux, la jeune femme m’a demandé la permission de réaliser une interview télévisée.
Je lui ai rendu son salut et son sourire, et d’un geste spontané, je lui ai répondu par l’affirmative à sa demande…
Avec enthousiasme et passion, la journaliste a commencé par sa question :
– Peux-tu nous dire franchement, qui t’a forcée à porter le hijab ? Est-ce ta famille ? Ou est-ce la société à laquelle tu appartiens et dans laquelle tu vis ?
Avec confiance, sérénité et un ton calme, je lui ai répondu :
La société dans laquelle je vis n’impose pas à ses fils et filles de pratiquer les obligations religieuses par la force et la contrainte, et en même temps, elle ne les en empêche pas, car cette société se conforme à la parole de Dieu, le Très-Haut : « Il n’y a pas de contrainte en religion. » »
En ce qui concerne la famille, je veux que tu saches et que tous les spectateurs et auditeurs sachent qu’en contraire de ce que tu penses, moi et beaucoup d’autres, avec détermination et conviction, et un désir ardent, nous sommes celles qui avons choisi de nous engager à porter le hijab, et certaines d’entre nous ont même lutté à certains moments et ont tenu bon face à l’opposition de la famille concernant notre hijab, jusqu’à ce que nous obtenions ce que nous voulions après une longue lutte.
Les traits de la jeune fille ont changé, et elle a semblé étonnée, et elle a dit :
– Alors tu portes le hijab de plein gré, en toute conscience, par choix et volonté, sans contrainte ni pression de qui que ce soit ?!
– Oui, c’est exactement cela, sans aucun doute.
– Mais, est-ce que ce hijab ne constitue pas un obstacle pour toi ? Ne vois-tu pas qu’il limite ta liberté ? Ne le trouves-tu pas un obstacle sur le chemin de la réalisation de tes rêves et de tes ambitions ?
– Laisse-moi te dire que je suis une étudiante universitaire, précisément en faculté de médecine, et que je m’engage à assister régulièrement aux cours, et je participe avec mes camarades à toutes les activités et événements universitaires, et je ne vois pas dans mon hijab un obstacle qui se dresse entre moi et mes études, de même que je ne le considère pas comme un obstacle futur qui m’empêcherait de poursuivre mon travail humanitaire dans le domaine de la médecine.
Avec une confusion et un sourire, la fille a dit :
– Mais que dire de ta beauté et de ta féminité ? N’y a-t-il pas dans le hijab un abandon de celles-ci et un déni d’elles ?!
– La beauté est une bénédiction, et la féminité est une identité, et le hijab n’est pas un reniement de la bénédiction, ni un mépris de l’identité, au contraire. Lorsque nous comprenons le hijab comme un moyen de couverture, c’est-à-dire de protection et de préservation, et non comme une négation ou une dissimulation, cela signifie une appréciation de la valeur de la beauté à travers sa préservation, et pour la féminité à travers sa protection.
Ainsi, tout comme la perle précieuse se cache dans sa coquille au fond des mers, ce qui lui confère une aura qui rend son accès l’un des plus grands souhaits, de même, le fait pour la femme de couvrir sa beauté et de préserver sa féminité élève sa position et sublime son humanité vers des sommets de perfection.
– Une femme voilée peut-elle participer à la vie politique aux côtés de l’homme ? Est-il permis pour elle d’occuper des postes élevés dans les pays qui se réfèrent à l’islam dans leurs lois ?
– L’expérience et la réalité sont les meilleurs témoins et preuves de la possibilité de cela et de son existence dans les pays et les sociétés islamiques, sauf si l’on exclut certaines communautés sociales fermées, qui continuent de souffrir sous le poids des coutumes et des traditions inventées, privant la femme de ses droits les plus basiques, et la traitant de manière dure, injuste et inéquitable, sans lien ni rapport avec l’islam en tant que législation divine et système de vie.
– Vous pouvez observer la femme musulmane dans tous les domaines, sur toutes les scènes et dans tous les lieux, son engagement religieux ne l’entrave pas, et son hijab ne l’empêche pas d’occuper des postes et d’assumer des responsabilités.
-Je te remercie pour ton temps, et je m’excuse pour le dérangement ou l’inconvénient.
ـ Jamais, avec plaisir, je suis reconnaissante de t’avoir donné l’occasion d’exprimer mon opinion, et de laisser la place à l’éclaircissement et à la clarification. J’espère que tu seras réceptive pour que je puisse transmettre, à travers votre canal, un message à ceux que cela concerne, afin qu’il laisse une résonance, et qu’il soit un incitatif à reconsidérer certaines positions et jugements.
ـ Je t’en prie, avec plaisir.
ـ Je m’adresse avec tout mon amour aux défenseurs de la liberté et des droits de l’homme en Occident, pour leur dire : la liberté est un tout qui ne se divise pas, et qu’en matière de liberté, il n’est pas permis de peser avec deux poids.
Lorsque nous parlons des droits de l’homme et que nous les plaçons comme priorité dans les lois et les législations, et lorsque nous parlons de la liberté sans conditions, contraintes ou limites, la crédibilité nous impose l’égalité.
Il n’est pas juste de garantir les droits à un groupe sans un autre, et il n’est pas juste d’accorder la liberté à un groupe sans les autres.
De là, je m’adresse à ceux qui réclament la liberté et qui luttent pour les droits des déviants, des homosexuels et des nus, tout en promulguant des lois et en établissant des législations qui interdisent le hijab dans les écoles et les universités, et qui font du hijab de la femme un obstacle entre elle et l’exercice de son droit à l’éducation, au travail et à une participation active dans les domaines de la vie ?!
Ainsi s’achève cette rencontre inattendue, pour que je retourne avec mes livres dans le monde dont je suis fière, et auquel j’appartiens, fière de mon hijab, heureuse de mon islam, sereine dans l’amour de mon Seigneur et de Sa satisfaction.
Cheikh Mohamad Assad Kanso
24/07/2025