DISCOURS DE CHEIKH MOHAMAD KANSO LORS DE LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE DE LA JEUNESSE ISLAMIQUE POUR LA PAIX ET LA SOLIDARITÉ
Chers panelistes,
Chère assistance,
Chers organisateurs de cette conférence,
Mesdames, messieurs
ASSAMALOU ALEIKOUM WARAHMATOUL-LAAHI WA BARAKATOUH !
Encore un, parmi les sujets abordés, tous importants, dans cette conférence, à savoir le rôle de la jeunesse dans la construction durable de la paix dans la nation islamique : organisation et implication.
La première chose à savoir est que ce sujet est très vaste. Mais nous pouvons l’introduire en mettant l’accent sur l’importance de la jeunesse.
L’importance de la jeunesse en tant qu’étape ou phase d’une évolution, d’ailleurs, qu’elle soit musulmane ou d’une autre confession religieuse.
Comme premier axe, nous pouvons parler de l’âge de la jeunesse, de la valeur de la jeunesse ; jeunesse qui représente la force active, la vigueur physique, l’endurance, la capacité de faire ; jeunesse qui est le pilier de toute nation.
En effet la jeunesse se met en mouvement, se met en marche, subit des transformations, se construit, acquiert des aptitudes et des compétences, contrairement à l’enfance ou le troisième âge.
Pour cela nous devons accorder une plus grande importance à la jeunesse, une importance particulière ainsi qu’une prise en charge, une protection et une assistance afin d’avoir une génération de jeunes responsables, conscients et éclairés, une génération capable d’assumer ses responsabilités.
C’est pour cela, notre première responsabilité et notre premier rôle est de construire la jeunesse, afin qu’à notre tour, nous puissions lui demander de construire une communauté, une nation. Et la construction de la jeunesse passe par un travail complexe et multidimensionnel.
Lorsque nous chargeons les jeunes d’assumer leurs responsabilités sociales ou religieuses, nous devons avant tout, leur assurer la protection sociale et la sécurité, leur donner une chance aussi minime soit-elle d’obtenir un travail et d’avoir des revenus financiers leur permettant de subvenir à leurs besoins.
Lorsque nous pensons à la jeunesse ou observons les jeunes, en particulier les jeunes du monde islamique, nous voyons qu’il y a des dizaines, voire des centaines de millions de chômeurs ;
Un très grand nombre de jeunes musulmans n’ont pas la chance de travailler et il n’y a pas de réelles possibilités de développement et d’aboutissement à quelque chose ; ce qui les pousse à penser constamment à l’émigration.
Et lorsqu’ils pensent à émigrer, ils pensent abandonner tout ce qu’ils ont dans leur pays, sacrifient leurs objectifs, leur rêve, leur religion pour simplement chercher à gagner leur vie.
Avant le travail nous devons d’abord leur donner toutes les chances d’apprendre et de se former car sans moyens et sans possibilités d’éduquer, de former, nous ne pourrons jamais les préparer.
Ensuite lorsqu’ils obtiennent leurs diplômes, nous devons leur donner la chance d’obtenir un travail et d’avoir des revenus. Leur tâche est de s’impliquer dans la société et de participer à sa bonne marche, donc doivent constituer une priorité pour qu’ils puissent remplir leur rôle et assumer leur responsabilité dans la société. Ils constituent les maillons et les piliers de la société alors nous devons leur donner la chance d’apprendre et de se former et de trouver un travail.
Donc pour construire la jeunesse, il est de notre devoir de le faire d’abord sur le plan physique. Puis nous devons l’éduquer, l’instruire et lui transmettre un certain nombre de connaissances dans les domaines de la culture, de la morale et de l’éthique et ensuite la bâtir sur le plan spirituel. En claire, nous devons doter la jeunesse de l’ensemble des moyens nécessaires et des outils pouvant faciliter le bon déroulement du processus de réalisation de son développement, avant même de lui demander de jouer un quelconque rôle dans la communauté ou dans le système dans lequel elle évolue.
Avant de parler de rôle de la jeunesse, nous devons parler de nos responsabilités, de nos devoirs et obligations que nous devons présenter à la jeunesse pour qu’elle soit prête. Pour que la jeunesse soit bien préparée et qu’elle se déploie et assume ses responsabilités, les savants, les hommes de religions, les écoles, les instituts ou centres de formation ont une grande responsabilité.
Aujourd’hui, nous vivons dans un monde très complexe, avec en plus, le développement de l’extrémisme, de la violence et du terrorisme.
Mais posons-nous une question essentielle à savoir, ces jeunes qui se disent musulmans et qui pensent qui sont au service de l’islam, en usant de la violence, de la terreur et de l’assassinat, dans différents endroits du monde, quelle culture on les a inculqué, quels enseignements ont-ils reçu, quel islam on les a enseigné et quelles sont les sources des enseignements reçus ?
Malheureusement, la plupart d’entre eux reçoivent des enseignements qui ne sont pas basées sur la vraie culture islamique sinon ternissent son image, l’image de notre prophète bien-aimé, l’image du Livre Sublime car la violence et la terreur n’ont rien à voir avec l’islam qui est une religion de paix et d’amour du prochain, une religion qui appelle les gens par la sagesse et la bonne action.
Nous pensons que ces jeunes-là ont sans aucun doute subi un lavage de cerveau, puis on leur a donné une compréhension de l’islam en usant des méthodes et des manières dangereuses.
Nous avons besoin d’une culture islamique tolérante dans laquelle s’identifient les jeunes, une culture islamique authentique à travers une compréhension correcte de l’interprétation juste du Saint Coran, à travers l’histoire authentique du prophète et de sa famille.
Aujourd’hui nous avons besoin d’affiner nos recherches, de revoir nos visions, de rester critique à l’égard de nous-mêmes afin de présenter et faire connaître l’islam et ses valeurs d’ouverture et de tolérance, son éthique et sa morale, en se basant sur une compréhension du juste milieu, et une pratique authentique à travers nos enseignements.
Nous devons également mettre en garde les jeunes contre ces livres dangereux qui leur donnent une compréhension erronée de l’islam.
Egalement nous avons le devoir de leur présenter l’islam que prônait le prophète Mouhammad (plsf), cet islam qui est une référence majeure qui donne un sens à leur vie quotidienne et qui détermine leur identité.
Nous devons leur présenter des modèles authentiques qui ont toujours pratiqué l’islam dans la paix.
Nous vivons aujourd’hui dans un monde ouvert, dans un village planétaire et la communication a atteint un niveau jamais égalé.
Encore aujourd’hui les sources du savoir et de la connaissance sont diverses et variées, facilement accessibles, difficilement contrôlable, particulièrement sur internet et les réseaux sociaux.
Nous sommes aujourd’hui dans le siècle de la science et de la technologie où tout est possible et imaginable grâce aux outils numériques, grâce à l’avènement et le développement de l’intelligence artificielle.
Egalement, de nos jours, nous ne pouvons pas dire que tout est vrai ou tout est authentique ou tout est vérifié et nous ne pouvons pas non plus dire le contraire. Beaucoup d’informations nous parviennent par tous les moyens, informations que nous croyons vrai et qui, en réalité ne le sont pas. C’est pourquoi nous devons éclairer les jeunes et en même temps les mettre en garde ; nous devons leur apprendre à suivre les gens avec discernement, à laisser une place à la raison dans la consommation de contenus d’où qu’ils puissent venir.
La différence entre les musulmans du monde entier et une chose tout à fait naturelle ; il y a des doctrines, des écoles, des confréries, etc. et c’est ce que nous constatons chez les chrétiens également.
Pour cela nous appelons la jeunesse musulmane à accepter et à respecter cette différence sans problème, sans état d’esprit hostile ou haineux envers les autres et de croire que ces différences d’appréciations et d’idées est une chose totalement naturelle.
Je m’adresse particulièrement aux jeunes musulmans qui suivent une doctrine qu’ils sont libre de le faire, l’importance c’est de ne pas sortir du cadre islamique qui réunit tous les musulmans du monde. Nous avons le même Seigneur, le même Prophète, le même Livre Saint, les mêmes devoirs et obligations.
A ces jeunes je leur dit « soyez musulmans avant toute chose » comme le Coran nous a appelé dans le verset 78 de la sourate le pèlerinage : « lequel vous a déjà nommés » musulmans » avant ce Livre et dans ce Livre »
Lorsque nous disons jeunesse musulmane, nous devons insister pour que cette jeunesse œuvre pour l’islam comme une entité englobant tout le monde et non pour une partie ou un groupe ou une idéologie.
Et nous savons tous que l’union des musulmans fait leur force comme le Saint coran nous la mainte fois confirmé dans plusieurs versets.
Donc nous devons éduquer et conscientiser les jeunes, les orienter vers des actions pour le bien de l’islam et le respect des musulmans.
En tant que musulmans, éducateurs, hommes de religions, sages, et autres, afin d’empêcher la discorde entre les musulmans, nous devons inculquer aux jeunes le travail d’intérêt communautaire et l’esprit du rassemblement autour de l’idéal, autour de l’essentiel, autour de ce qui unit les gens, fortifie et consolide les relations, autour de ce qui est bénéfique pour tous.
Nous avons une très grande responsabilité avant même de débattre du rôle et de la position des jeunes musulmans dans la communauté musulmane.
Aujourd’hui la jeunesse musulmane est confrontée à des situations que jamais une génération ne s’y est trouvé jusqu’ici.
La technologie permet la circulation de l’information d’une manière inimaginable en termes de rapidité et de couverture. Egalement la puissance des médias est telle que tout est facilement accessible, en même temps tout est difficilement contrôlable.
Par conséquent la jeunesse musulmane est exposée à toutes les formes de tentations visant à dévaloriser et à diaboliser leur religion, des tentations visant à détruire leur foi, leur morale, leur humanité au nom de la science, de la liberté, de la modernité, de la technologie et autre.
Aujourd’hui c’est regrettable de voir des jeunes musulmans copier et suivre des cultures et des modes sans réfléchir ou chercher à comprendre pourquoi ils le font.
Comment alors défendre la jeunesse musulmane des agressions culturelles, venant de toutes les directions, allant dans tous les sens, entrant partout pour essayer de les atteindre ?
Tout d’abord il est important de mettre l’accent sur la compréhension du mot « paix ». Lorsque nous méditons sur l’appellation « islam » on constate très vite que l’islam est une religion de paix d’où son nom, et la paix est un objectif, une finalité, un fondement.
L’islam est venu pour instaurer la paix dans tous ses aspects et dans tous ses sens en commençant par la paix intérieure qui réconcilie l’être humain avec lui-même, une paix pacifique et tranquille qui reflète et laisse entrevoir un individu qui sait ce qu’il veut et qui connait ses obligations, qui sait comment agir dans cette vie dont, nous sommes convaincus que c’est juste un pont pour la vie future.
Ensuite la paix avec les autres que nous devons réaliser que ça soit dans la famille, dans les relations comme dans les communautés et les pays.
Ce siècle dans lequel nous vivons est meurtri par les fléaux de la guerre, par des clivages sociaux, par des conflits, par les effusions de sang, par les agressions, le mauvais traitement, par l’injustice, l’oppression et l’iniquité
Ce siècle a besoin de paix, une paix dans toutes ses dimensions, une paix mondiale. Et les premiers concernés par cette paix sont les jeunes, qui, on le constate, aujourd’hui, sont impliqués et utilisés dans les conflits et les guerres au lieu d’être préparés pour la paix.
Comment est-ce donc possible pour les jeunes musulmans d’œuvrer pour la construction de la paix ?
La vision et la compréhension de l’islam doit être claire sans équivoque ; ainsi lorsque la jeunesse se mettra en route, arrivera à la paix. Mais cela doit se faire dans un programme, une organisation, une stratégie bien élaborée et non à travers des activités tous azimuts.
Il faut une organisation dans le cadre de leur intégration dans leur communauté d’où qu’ils puissent se trouver dans leur pays ; ils doivent croire à la paix intérieure et si cela réussi alors la paix avec les autres nations et communautés musulmanes se construira facilement. Egalement il faut des rencontres entre les musulmans du monde dans la croyance et dans la paix et la reconnaissance des autres.
La différence entre musulmans sur le plan doctrinal ou idéologique ne doit pas être synonyme de conflits ou d’affrontement. Et lorsque les jeunes musulmans auront compris le sens ainsi que la richesse de la diversité, la paix sera établie.
En ce qui concerne les actions à faire, nous avons besoin d’organiser des conférences, des rencontres, qui peuvent même se faire à travers les réseaux sociaux et l’internet qui constituent des moyens très efficaces pour développer la fraternité entre les peuples et les nations ainsi que la culture de la paix.
Malheureusement ces moyens sont utilisés à d’autres fins qui n’impactent pas directement le musulman dans sa vie sociale et religieuse. Ce qui est sûr c’est que les musulmans peuvent les exploiter pour atteindre leurs objectifs à travers des discours, des rencontres, de colloques, des partages et confrontations d’idées et autres pour que le message de la paix puisse se répandre. Également l’organisation d’activités humanitaires sans conditions.
Et pour réaliser la paix, regardons un peu les préoccupations des gens, celles du monde : la faim, la pauvreté, la peur, l’ignorance, l’éducation, la santé et autres. Et si nous voulons œuvrer pour la paix, ces différentes préoccupations doivent être prises en compte.
Et les jeunes musulmans, dans ces situations, peuvent construire la paix par la pratique, à travers l’aide et l’assistance sous toutes les formes, à travers le partage sous toutes ses dimensions car la paix n’est pas seulement des mots mais des actions concrètes.
Si nous voulons que les gens choisissent de vivre la paix, les jeunes musulmans peuvent confectionner des programmes de sensibilisation, par l’exemple vécu. C’est une manière d’avertir les gens, de réveiller le bon sens en leur montrant, imaginons un exemple simple, les ruines occasionnées par les conflits et ce que sont devenus les peuples qui se sont fait la guerre, pour tout simplement expliquer et faire comprendre que vivre la paix est mille fois mieux que se faire la guerre.
Egalement des exemples dans l’histoire peuvent servir dans ce type de pédagogie par l’exemple et les mauvaises expériences des autres.
D’un autre côté la paix peut se construire par l’exemple à travers, imaginons, une simple activité sportive, environnementale ou sanitaire pour montrer comment les gens peuvent se réunir autour d’une chose simple qui peut être une occasion pour vivre la paix et mieux comprendre ses avantages.
Un point très important à souligner est la construction de la paix se fait dans la durée, avec patience, dans l’endurance et la souffrance car ce n’est pas une chose facile et le découragement n’a pas sa raison d’être. C’est un travail qui demande une élaboration de programmes et stratégies à long terme.
Au Sénégal, nous avons un exemple que j’ai toujours le plaisir de citer partout où je vais dans de nombreuses occasions ; un exemple de communion entre les populations caractérisées par une diversité extraordinaire sur le plan ethnique, confessionnel, religieux, confrériques et qui vivent la paix dont le monde islamique a besoin, aujourd’hui.
Merci de votre aimable attention
Assamalou aleikoum warahmatoul-laahi wa barakatouh !