LA PROPHETIE (nabowat)
Le Seigneur Tout Puissant a créé l’univers de l’être ainsi que des créatures diverses; tous ont bénéficié de ses innombrables bienfaits. L’homme et toute créature animée, du premier au dernier jour de son existence, a été élevé dans Son berceau; chaque créature a suivi un but prédéterminé, fixé par le Seigneur, tout en restant continuellement à l’ombre de Sa miséricorde. I1 nous suffit de considérer les âges de notre vie – c’est-à-dire, depuis l’allaitement jusqu’à la vieillesse, en passant par l’enfance et la jeunesse, pour comprendre toute la sollicitude que nous a prodiguée le Seigneur, pour comprendre tout l’amour qu’il a porté à chacune de Ses créatures. C’est à cause de cette affection qu’il cherche à les ménager, ne les laissant sombrer dans le mal et le néant que s’il le juge nécessaire ou opportun. L’espèce humaine est une création de Dieu et nous savons que son bonheur réside dans son bon sens, sa bonté et sa clairvoyance, c’est-à-dire, qu’elle doit avoir des convictions justes, une morale appropriée, un comportement modèle.
On peut dire que l’homme dispose d’une raison innée qui lui permet de distinguer le bien du mal, le vrai du faux. Or, il faut savoir que la raison seule ne peut défaire le nœud des problèmes et guider l’homme vers la clarté et la bonté; en effet, les mauvaises actions, les vices sont souvent l’apanage de gens, sensés et raisonnables qui, appâtés par le gain ou les plaisirs, ont sombré dans l’égarement. Aussi, le Seigneur Tout-Puissant a choisi pour l’homme un moyen plus sûr, une voie qui ne risque pas de l’écarter du droit chemin menant au bonheur: la prophétie.
la preuve de la prophétie
Nos discussions concernant l’unicité divine ont démontré que la création des choses relève de Dieu et de Son omnipotence; de même, leur évolution et leur formation dépendent de la Toute-Puissance divine. Pour être encore plus clair, on peut dire que chaque créature de cet univers, s’efforce dès sa naissance de se parfaire elle tente de remédier à ses défauts au cours de sa vie cette lutte pour l’existence suit une ligne tracée, étape par étape, par le Créateur, organisateur suprême de l’univers et de son évolution.
En reprenant ce point de vue, on peut déduire un résultat décisif: chacune des espèces, chaque phénomène de l’univers a un programme d’élaboration vitale propre, qu’il réalise par son activité spécifique. Autrement dit, tout groupe de phénomènes se voit attribuer une série de fonctions particulières et le Tout-Puissant se charge de les diriger, comme, nous le rappelle le Coran: « Notre Seigneur est Celui qui a donné â chaque chose Sa forme et qui l’a ensuite dirigée » (Coran, 20:50).
Tous les éléments, les parties de la Création relèvent de ce jugement et aucune exception n’échappe à cette règle: les étoiles, le ciel, la terre que nous foulons de nos pieds et les éléments qui s’y trouvent, tous les composés produisant les phénomènes élémentaires, les végétaux, les animaux. Ainsi, la situation de l’homme est semblable à celle des autres pour ce qui est de cette guidance générale. Toutefois, l’homme présente des différences par rapport aux autres créatures.
Différence de l’homme par rapport aux autres créatures
Le globe terrestre, créé depuis des millions d’années, a mis en action la totalité de ses forces potentielles pour fonctionner dans son milieu environnant et compte-tenu des facteurs défavorables. I1 révèle son existence à travers sa rotation et sa révolution, mouvements qui assurent sa vie; tant qu’un facteur plus puissant ne s’oppose pas à son fonctionnement, il continuera sa marche sans manquer à ses devoirs, à ses charges.
Prenons un autre exemple; l’amandier accomplit certaines fonctions depuis l’instant où il sort du noyau jusqu’à ce qu’il devienne un arbre; ces fonctions sont d’ordre nutritif, alimentaire ou autre (pour réaliser son procèssus de croissance) et elles poursuivent leur rôle tant qu’une force plus puissante ne leur fait pas obstacle. I1 en est de même pour tout autre phénomène.
Toutefois, l’espèce humaine effectue ses activités librement, décide ses actions de façon propre et réfléchie. Il lui arrive de refuser de faire une chose qui lui est à cent pour cent profitable, qui ne présente aucune difficulté, aucun obstacle; inversement le voilà qui s’engage consciemment dans une action qui lui est à cent pour cent néfaste. Parfois, il refuse de prendre une antidote, tantôt il se met à boire un poison pour mettre fin à ses jours. Naturellement, il est clair qu’une créature créée libre ne se verra pas accorder nécessairement la guidance divine; les prophètes annoncent, de la part du Seigneur Tout-Puissant, la voie à suivre et préviennent les gens du châtiment divin qui les attend s’ils s’en écartent; mais, les hommes sont libres de choisir entre le bien et le mal, le bonheur et le malheur. S’il est vrai qu’en général, la raison humaine distingue le bien du mal, l’avantageux du préjudiciable, il faut rappeler que, parfois, c’est cette même raison qui, sous la pression des désirs et des sens, cède et se fourvoie, entraînant l’homme dans l’égarement. I1 s’avère donc inéluctable pour la direction divine de trouver une voie supplémentaire à celle de la raison, une voie complètement immunisée contre les fautes et les erreurs; autrement dit, le Seigneur Tout-Puissant confirme d’une autre manière aux hommes les recommandations et les normes de la raison.
Cette voie n’est autre que celle de la prophétie: Dieu révèle Ses commandements et Ses préceptes bienheureux à l’une de Ses créatures et le charge de transmettre ce message aux hommes et de les persuader – soit par la menace, soit de bon gré – de suivre ces ordres divins. La parole du Seigneur est ainsi rapportée par le Coran: « Nous t’avons inspiré comme nous avions inspiré Noé et les prophètes venus après lui. (…) Nous avons inspiré les prophètes: ils annoncent la bonne nouvelle; et ils avertissent les hommes, afin qu’après la venue des prophètes, les hommes n’aient aucun argument à opposer à Dieu ». (Coran, 4:163 et 165).
Les attributs du Prophète
De ce qui précède, il ressort que le Seigneur Tout-Puissant, après avoir instruit certaines de ses créatures des lois et principes garantissant le bonheur de l’homme, envoie aux hommes ses messagers. L’homme chargé de transmettre les messages divins est appelé prophète ou envoyé de Dieu; l’ensemble des messages divins transmis aux hommes constitue la religion.
Le prophète se doit:
- de ne commettre aucune faute, aucun oubli dans la réalisation de sa mission; en effet, il lui faut transmettre aux gens la révélation; et sans la moindre erreur sinon la direction divine ne pourra pas atteindre son but, la règle de conduite publique n’aura plus son universalité, son efficacité.
2- de ne commettre aucune erreur, aucune péché dans sa parole et son action car, le moindre péché de sa part invalide toute sa propagande; en effet, les gens rejettent celui dont les actes ne correspondent pas à ses paroles et les considèrent comme un menteur, un charlatan: « S’il disait la vérité, il agirait comme il pense ».
On peut dire, en résumant, que le prophète se doit de rester pur, sans tâche s’il désire que son message se propage correctement; le Coran, parole divine, déclare: « Dieu connaît parfaitement le mystère; mais il ne montre à personne le secret de son mystère, sauf à celui qu’il agrée comme prophète. I1 le fait accompagner de gardiens placés devant et derrière lui, afin de savoir si les prophètes transmettent les messages de leur Seigneur » (Coran, 72:26-28).
3- De posséder les vertus morales telles que la pudeur, le courage, la justice et autres; en effet, toutes ces qualités sont estimées et celui qui observe vraiment la loi religieuse ne peut tomber dans le vice et l’immoralité.
Les prophètes parmi les hommes
L’histoire confirme que divers prophètes sont venus parmi les hommes pour leur prêcher la révolte contre l’ordre irréligieux établi. Toutefois, leur vie demeure méconnue et mal éclaircie; seule la vie de sa Sainteté Mohammad est sans ambiguïté et le Coran, son livre céleste, comprend tous les buts suprêmes de la religion. Il explique l’objet de l’invitation des prophètes passés ainsi que leurs objectifs. Le Coran précise que nombre de prophètes ont été envoyés par le Seigneur Tout-Puissant pour prôner l’unicité divine et la vraie religion: « Nous n’avons envoyé aucun prophète avant toi sans lui révéler: II n’y a de Dieu que moi; adorez moi! » (Coran, 21:25).
Les prophètes détenteurs d’écriture, et les autres prophètes
Les prophètes possédant un livre céleste et un enseignement indépendant sont au nombre de cinq: Noé, Abraham, Moise, Jésus, Mohammad. Ces cinq prophètes qui possèdent un livre et une loi religieuse sont appelés les prophètes détenteurs d’écritures. Cependant, les envoyés de Dieu dépassaient ce chiffre car chaque communauté avait son envoyé et le Coran évoque le nom de plus d’une vingtaine d’émissaires divins délégués sur terre. Le Seigneur déclare: « Il y a les prophètes dont j’ai parlé et ceux dont je n’ai pas parlé », ou encore: « chaque communauté a son prophète », ou bien: « chaque peuple a son guide ».
En effet, les prophètes venus après chacun des cinq prophètes détenteurs d’écritures, ont invité les hommes à suivre la voie des envoyés précédents; ainsi, l’appel prophétique s’est poursuivi jusqu’à ce que le Seigneur décide de clore la mission prophétique. I1 envoie Mohammad Ibn Abdullâh, sceau des prophètes, avec ses dernières prescriptions religieuses, ses règles les plus révélée à Mohammad restera jusqu’au jour du jugement dernier et sa loi demeurera toujours vivante.
1- Le Prophète Noé
Noé est le premier envoyé du Seigneur clément sur terre, le premier détenteur de livre céleste. Noé appela les hommes de son temps à croire en un seul dieu, à se délivrer de l’idolâtrie et de l’associationnisme (association de quelque chose d’autre à Dieu). Comme le rapporte le Coran, ce prophète lutta pour mettre un terme aux différences de classes, à l’oppression et à l’injustice. I1 s’efforça d’enseigner aux hommes de jadis les nouveaux idéaux qu’il professait. II parvint à guider un nombre limité de gens, la plupart préférant rester dans l’ignorance et l’insoumission. Le Seigneur, pour purifier le monde de ces immondes créatures, provoqua le déluge sur terre; seul Noé et ses adeptes furent épargnés et ce groupe sauvé du déluge reconstitua sur terre une société religieuse et croyante.
Ce prophète bien-aimé est le fondateur de la religion monothéiste et le premier envoyé divin qui combattit l’injustice et l’oppression. C’est pour ce service inestimable qu’il a rendu à la vérité divine et humaine que l’on lui lancera jusqu’à la fin du monde un salut de reconnaissance: « paix et salut sur Noé dans les monde d’ici-bas et de l’au-delà ».
2- Le Prophète Abraham
Après Noé et bien que divers prophètes furent envoyés – tels Houd et Sâlih – pour guider les hommes, l’idolâtrie et la mécréance s’emparèrent de l’univers; aussi, le Seigneur Tout-Puissant jugea, de par sa sagesse suprême, de déléguer Abraham. Ce dernier était un homme de nature divine exemplaire puisqu’il rechercha avec simplicité et pureté la vérité; quand il trouva l’unicité divine de la création, il combattit pendant toute sa vie l’associationnisme et l’oppression.
Comme nous le rapportent le Coran et les récits des saints Imâms, Abraham passa son enfance dans un grotte à l’écart des hommes et du tumulte des villes; il ne voyait, de temps en temps, que sa mère qui lui portait nourriture et eau. Un jour, en suivant sa mère, il se retrouva en ville auprès de son oncle Azar; là tout lui sembla étonnant; observant une multitude d’objets taillés il se mit à chercher la raison de la création de ces choses toutes nouvelles pour lui. I1 comprit très vite que Azar et les autres fabriquaient et adoraient ces idoles. I1 demanda l’identité de ces objets vénérés mais, aucune des explications fournie sur leur divinité ne le convainquit: certains adoraient l’étoile Venus, d’autres la lune ou le soleil; comme chacun de ces astres disparaissait après quelques heures Abraham ne crut pas en leur divinité. Après avoir constaté toute cette idolâtrie, Abraham annonça son monothéisme aux gens; il entreprit de lutter vigoureusement contre ces idolâtres, ces associateurs pour les ramener à la foi du Dieu unique. Bientôt, il parvint à pénétrer dans la chambre des idoles et à les briser; cet acte, considéré comme criminel, conduisit Abraham au bûcher. Heureusement, le Seigneur le préserva des flammes et il sortit indemne du foyer où on l’avait jeté. Quelque temps après, Abraham quitta le pays de Babel, d’où il était originaire pour gagner la Syrie et la Palestine; dans son exil, il poursuivit sa mission prophétique. A la fin de sa vie, il eut deux fïls: l’un Isaac, père d’Israël; l’autre, Ismaël, père des Arabes. I1 emmena, sur ordre du Seigneur Ismaël encore nourrisson et sa femme au Hedjaz; là, parmi les montagnes arides et désertiques il installa sa famille et invita les arabes nomades au monothéisme; puis, il construisit la maison de la Ka’aba et institua le pèlerinage, pratique qui était courante parmi les arabes, avant l’avènement de l’Islam et le message du sceau des prophètes (Mohammad).
Abraham détient la religion de la nature divine; de par le texte coranique, il possède un livre céleste et est le premier à appeler la religion de Dieu, soumission (Islam) et ses adeptes, soumis (muslemïn). Les religions monothéistes telles que le judaïsme, le christianisme et l’Islam descendent toutes d’Abraham. En effet, Moise, Jésus et Mohammad qui sont les prophètes de ces trois religions appartiennent à la race d’Abraham et explicitent son appel aux hommes.
3- Le Prophète Moise
Moise fils d’Imràn est le troisième prophète détenteur d’écritures; il possède un livre et une loi religieuse et descend d’Israël (Jacob). Moise mena une vie tumultueuse. Lorsqu’il naquit, les descendants d’Israël vivaient misérablement en Egypte parmi les Coptes et le Pharaon avait ordonné qu’on massacre tous leurs enfants: la mère de Moise, exécutant l’ordre reçu dans son rêve, déposa son fils dans une caisse en bois qu’elle laissa dériver sur le Nil. Le courant emporta le caisson jusque devant le palais du Pharaon; sur ordre de celui-ci, on repêcha la caisse et l’on y trouva l’enfant. Comme sa femme tenait à le garder, le Pharaon renonça à tuer le bébé sauvé des eaux; les souverains, n’ayant pas d’enfant, l’adoptèrent et le confièrent à une nourrice, qui n’était autre que sa propre mère. Moise vécut sa prime jeunesse à la Cour impériale; puis, à la suite d’un incident criminel, il préféra fuir l’Egypte et se retirer au pays de Madian. là, il rencontra Sho’ayb le prophète et il 6pousa sa fille; après avoir été des années auprès de Sho’ayb en tant que gardien de ses troupeaux, Moise se décida à rentrer en Egypte; avec sa femme, ses enfants et ses bêtes, il revint au pays natal et, en cours de route, le Seigneur Tout Puissant le chargea de sa mission. Il devait convaincre le Pharaon de se convertir au monothéisme, libérer les enfants d’Israël du joug Copte et se choisir Aron pour ministre. Mais, après avoir entendu le message divin, le Pharaon, qui était idolâtre et se considérait comme le dieu des Egyptiens, refusa de reconnaître sa mission et de libérer les enfants d’Israël.
Bien que Moise appela, pendant des années, les gens d’Egypte à se tourner vers l’unicité divine, bien qu’il réalisa divers miracles, le Pharaon et son peuple lui opposèrent une totale incompréhension, un refus opiniâtre. Finalement, sur ordre divin, Moise donna le signal d’un exode vers le Sinaï et, en pleine nuit, les enfants d’Israël fuirent l’Egypte. Quand ils atteignirent la mer rouge, le Pharaon, informé de l’exode, engagea ses troupes à poursuivre le peuple de Moise. Au moment de la traversée de la mer rouge, Moise parvint à fendre miraculeusement les flots; son peuple put être sauvé mais, les soldats du Pharaon périrent noyés. Après cet événement, Dieu révéla le Pentateuque à Moise, instituant parmi les fils d’Israël la loi juive.
4- Le Prophète Jésus
Jésus le messie est le quatrième des proph8tes détenteur d’écritures, c’est-à-dire, possédant un livre et une loi religieuse. Sa naissance relève de l’extraordinaire; sa mère, Marie, était une jeune fille puritaine qui, alors qu’elle priait à Jérusalem, entendit l’Esprit Saint lui annoncer, de la part du Seigneur, la venue du messie et lui insufflait dans la manche pour la féconder du Christ. Après sa naissance, face aux calomnies publiques, l’enfant – encore au berceau – prit la défense de sa mère et annonça aux hommes sa mission prophétique et son livre. Dès sa prime jeunesse, il invita les gens à suivre sa voie et il rénova avec quelques modifications la loi de Moise. I1 envoya ses disciples propager sa foi dans tous les coins du pays. Quelque temps après son appel prophétique, les Juifs (peuple auquel appartenait Jésus) tentèrent de l’assassiner mais, Dieu le sauva et les Juifs pendirent à sa place quelqu’un d’autre.
On doit ici préciser le point suivant: dans le Coran il est dit qu’un livre céleste, appelé « évangile », lui a été révélé. Ce texte diffère des nombreux évangiles écrits après sa mort et relatifs à sa vie et à son appel; seul les quatre évangiles écrit par Luc, Marc, Matthieu et Jean sont officiellement reconnus.
5- Le Prophète Mohammad
La vie du Prophète bien aimé, Mohammad ibn Abdullah , est mieux connue que celles des prophètes précédents; en effet, par suite de l’usure du temps et des événements historiques, le livre, la loi et la personnalité de ces anciens prophètes ont été déformés et cette dénaturation a quelque peu obscurci l’histoire de leur vie. Ce que l’on sait d’eux repose principalement sur le texte coranique, les propos du Prophète et des saints Imams.
Par contre, l’histoire de la vie de Mohammad s’appuie sur des sources qui l’éclairent suffisamment. Le Prophète bien aimé de l’Islam est le dernier envoyé que le Seigneur miséricordieux a délégué aux hommes pour les guider. Quatorze siècles auparavant, le monde vivait d’une telle manière qu’il ne restait de la religion monothéiste rien qu’un nom, les gens s’étant totalement écarté de l’unicité divine, de la connaissance de Dieu, des traditions humanistes et de justice sociale; la très respectable Ka’aba était devenue le sanctuaire des idoles et la religion d’Abraham transformée en idolâtrie. Les Arabes menaient une vie tribale, même dans les quelques villes du Hedjaz et du Yemen; la nation arabe vivait dans les conditions les plus déplorables: au lieu de la culture et de l’éducation, parmi les habitants régnaient la luxure, l’obscénité, l’ivresse, le jeu; les jeunes filles étaient enterrées vivantes et la plupart des gens ne parvenaient à vivre qu’en volant, pillant, massacrant les biens et le bétail de leurs voisins; faire couler le sang et opprimer les autres étaient devenus des actes plus qu’honorables. C’est dans un tel milieu, arriéré et misérable, que le Seigneur affectueux chargea le noble Prophète de réformer et de guider les hommes; pour atteindre son but. I1 lui révéla le Coran – qui comprenait l’enseignement juste, la connaissance divine, la réalisation de la justice, les conseils judicieux – et le Prophète appela les gens à suivre ce texte divin, document de vérité et d’humanité.
Le noble Prophète est né en l’an 570 (après J.C.), soit 53 ans avant l’hégire, à la Mecque dans une famille considérée comme la plus honorable et la plus authentique famille arabe. Avant de venir au monde, il perd son père et à six ans sa mère meurt, laissant le petit garçon à la charge de son grand-père, ‘Abdul Motaleb. Ce dernier décédant deux ans après, l’enfant est remis à son oncle, l’affectueux Abou Tâleb (père d’Ali, émir des croyants) qui va dès lors s’occuper de lui. L’oncle en question aimera Mohammad comme son propre fils; de façon constante, il le soutient et le protège sans la moindre négligence. Cet appui permanent s’affirmera jusqu’à la veille de l’hégire.
Les Arabes de La Mecque, comme les autres arabes, élevaient des moutons et des chameaux, commerçaient parfois avec les pays voisins, notamment la Syrie. Ils étaient ignorants et incultes, aucunement soucieux de l’instruction et de l’éducation de leurs enfants. Mohammad, comme les autres membres, de sa tribu, ne savait ni lire ni écrire; mais, dès 1 enfance il se distinguait des autres par ses diverses qualités: il n’adorait aucune idole, il ne mentait pas, il ne volait pas, il ne trahissait pas, il s’abstenait de commettre de mauvaises actions, il était sage et compétent. Aussi, en très peu de temps, il avait acquis l’estime et la confiance des gens, d’où son surnom de Mohammad le fidèle (amîn). En effet, les Arabes lui confiaient généralement leurs biens et louaient sa fidélité et sa compétence. II a environ une vingtaine d’années quand une riche dame de La Mecque – la grande et noble Khadija – le choisit comme agent de commerce: grâce à sa sagesse et son honnêteté, Mohmmad réalise de gros bénéfices pour cette dame qui, charmée de plus en plus par sa personnalité et son savoir-faire, lui propose de l’épouser. Bientôt, ils se marient et le jeune Mohammad poursuit ses activités marchandes comme auparavant.
Jusqu’à quarante ans, ce saint homme entretenait de bons rapports avec les gens qui le considéraient non seulement comme l’un des leurs mais comme le plus qualifié, le plus avisé d’entre eux. Ses qualités morales, sa conduite exemplaire, son refus de l’oppression et de la cruauté, sa modestie, lui avaient gagné le respect et la confiance des hommes de la région. Ainsi, quand les Arabes commencèrent à réparer la maison de la Ka’aba, une dispute éclata entre les divers clans concernant l’installation de la pierre noire; les parties en présence firent appel à Mohammad pour trancher leur litige. Ce dernier fit déposer la pierre noire dans un burnous que les chefs de clans tenaient ensemble. D’un même mouvement, ils portèrent la pierre sacrée et la placèrent dans la maison aux idoles.
Grâce à cette intervention, le litige fut résolu sans violence et sans effusion de sang.
Avant la diffusion de sa révélation prophétique et bien que monothéiste, donc opposé à l’idolâtrie, Mohammad n’avait été l’objet d’aucune pression de la part de ses compatriotes; ceci d’une part, parce que les Arabes laissaient les juifs, les chrétiens et autres librement exercer leur religion, d’autre part parce que Mohammad ne s’en était pas pris encore directement aux croyances et aux superstitions des gens.
L’histoire du moine Bahîra
A l’époque où Mohammad vivait auprès de son oncle Abou Taleb, c’est-à-dire, alors qu’il n’était pas encore pubère, il accompagna ce dernier dans son voyage commercial à Châm. La caravane qui était très importante regorgeait de marchandises; après avoir pénétré sur le territoire syrien, elle fait une halte près d’un monastère situé à proximité de la ville de Basràh; un moine dénommé Bahîra sort du couvent et invite les voyageurs à venir se reposer à l’intérieur du monastère. Abou Tâleb, comme les autres voyageurs, accepte la proposition, laissant Mohammad surveiller ses affaires et ses biens. Bahîra apprenant que tout le monde est présent au couvent sauf Mohammad, exige qu’on l’amène. Abou Tâleb appelle alors son neveu installé sous un olivier. Après avoir longuement scruté le jeune adolescent, Bahîra le prend, avec son oncle, à part; il lui demande: « Jure moi par Lât et ‘Ozzâ (les deux déesses adorées par les habitants de La Mecque) que tu répondras à ma question ». Mohammad répond: « Ces deux idoles sont les choses que je déteste le plus ». Bahîra lui demande: « au nom de Dieu l’Unique, je te prie de dire la vérité ». Le jeune Mohammad répond: « Je n’ai jamais menti, j’ai toujours dit la vérité; pose ta question ». Bahîra dit alors: « qu’aimes-tu le plus au monde? » Mohammad déclare: « la solitude ». Bahîra questionne à nouveau le jeune adolescent: « Que regardes-tu le plus et qu’aimes-tu regarder le plus? » Mohammad dit: « Le ciel et ses étoiles ». Bahîra lui demande alors: « Lorsque tu observes les cieux, tu penses à quoi? » I1 répond par un long silence. Bahîra, après avoir examiné son front lui dit: « Quand et comment tu t’endors? » L’adolescent répond: « Quand je regarde le ciel et les étoiles, je me vois au-dessus des étoiles ». Bahîra redemande: « rêves-tu aussi? » Le jeune Mohammad déclare: « Oui, et tout ce que je rêve, je le vois aussi quand je suis réveillé ». Bahîra demande alors: « Que vois-tu en rêve? » et le jeune adolescent reste muet. Après un moment de silence, Bahîra demande à Mohammad: « Puis je voir entre tes deux épaules? » Ce dernier acquiesçant, Bahîra écarte le vêtement de l’adolescent et découvre un grain de beauté: « C’est bien ça » murmure-t-il. Abou Tâleb étonné lui lance: « Que dis-tu, qu’est ce que c’est? » Bahîra se tournant vers Abou Tàleb lui demande: « Quel lien familial te lie à cet adolescent? » Comme Abou Tâleb aimait Mohammad comme son propre fils, il déclare: « C’est mon fils ». Bahîra dit alors: « non, le père de cet adolescent doit être décédé ». « D’où le sais-tu? » s’enquiert Abou Tàleb surpris, avant de révéler au moine que Mohammad est son neveu. Bahîra déclare à l’oncle: « Ecoute-moi bien, un avenir radieux et surprenant attend cet enfant. Si d’autres que moi aperçoivent ce que j’ai vu, ils le reconnaîtront et le tueront. Tu dois le mettre à l’abri des ennemis ». Abou Tâleb demande alors: « Mais, qui est-il? » Et, Bahîra lui déclare: « Ses yeux annoncent un grand prophète et son dos indique cette clarté ».
L’histoire du moine Nestorien
Quelques années plus tard, Mohammad se rend à nouveau à Châm mais, cette fois, en tant qu’agent commercial de la noble Khadija. Cette dernière le fait accompagner de son esclave Missarah. Arrivant près d’un couvent situé aux environs de Basrâh, les voyageurs font halte et Mohammad s’installe sous un arbre. Nestor, moine qui connaissait Missarah, sort du couvent pour le recevoir. I1 demande à Missarah qui est la personne qui repose sous l’arbre. L’esclave répond c’est un homme de la tribu des Qoraychites. Nestor déclare alors: « Personne ne s’arrête sous cet arbre si ce n’est le prophète de Dieu ». Puis, il demande: « Est-ce que ses yeux sont tachés de rouge? » Missarah répond: « Oui, ses yeux ont continuellement cette couleur ». Le moine conclut: « Oui, c’est bien lui; il est le dernier des prophètes de Dieu. Pourvu que je puisse entendre son appel lorsqu’il entreprendra sa mission ».
L’annonce de la bonne nouvelle par les Juifs de Médine
Nombre de tribus juives qui avaient lu dans leurs livres que bientôt, un messie allait venir en Arabie, avaient quitté leur patrie pour se rendre au Hedjaz; elles s’étaient installées à Médine et aux alentours, attendant l’arrivée du prophète annoncé. Comme cette communauté transplantée était riche et opulente, les Arabes effectuaient, de temps en temps, quelques raids contre leur campement. Mais, les Juifs supportaient patiemment les méfaits des pillards car, ils espéraient qu’après la venue du messie ils pourraient se venger de leurs oppresseurs arabes.
Un des principaux facteurs qui contribua à favoriser la diffusion de la foi musulmane fut la préparation des consciences; les hommes de l’époque vivant dans l’attente du sauveur de Dieu crurent le nouveau messager et si les Juifs refusèrent la nouvelle parole divine cela ne releva que de leur fanatisme.
Le Coran évoque l’annonce des prophètes
Le Seigneur Tout-Puissant se réfère diversement à la bonne nouvelle qu’est la prophétie: « … Pour ceux qui suivent l’envoyé: le Prophète gentil qu’ils trouvent mentionné chez eux dans la Tora et l’Evangile. I1 leur ordonne ce qui est convenable, il leur interdit ce qui est blâmable; il déclare licites, pour eux, les excellentes nourritures; il déclare illicite, pour eux, ce qui est détestable; il ôte les liens et les carcans qui pesaient sur eux. Ceux qui auront cru en lui; ceux qui l’auront soutenu; ceux qui l’auront secouru; ceux qui auront suivi la lumière descendue avec lui: voilà ceux qui seront heureux! (Coran, 7:157).
« Lorsqu’un Livre venant de Dieu et confirmant ce qu’ils avaient reçu leur est parvenu, – ils demandaient auparavant la victoire sur les incrédules – lorsque ce qu’ils connaissaient déjà leur est parvenu, ils n’y crurent pas. Que la malédiction de Dieu tombe sur les incrédules! » (Coran, 2:89).
Source : http://quran.al-shia.org/fr/